Assise à coté de lui, elle suivait le spectacle, toute tremblante du désir de paraître amusée, de montrer qu’elle s’amusait. Et comme il riait de bon cœur quand elle-même riait. Et quand c’était lui qui riait le premier, après c’était comme s’il se retournait pour lui tendre la main et l’implorer de le suivre. Ensuite pendant l’entracte, il lui demandait d’un air faussement indifférent :
Eh bien, comment trouvez-vous cela ?
Je trouve que c’est absolument merveilleux, répondait-elle, toute rayonnante de reconnaissance à son égard, comme si c’était lui qui avait écrit le livret et la musique, et qu’il interprétait tous les rôles. [p.14]
A l’idée de cette nouvelle génération, si avide d’une vie nouvelle, de nouveaux plaisirs, avec des idées nouvelles sur les danses, les vêtements, la façon de se tenir à un thé, et qui ricaneraient ou éclaireraient de rire à l’idée de ce que les jeunes filles avaient aimé en 1900 - à cette idée Lily ne ressentit pas un élan de tristesse, mais bien une réelle souffrance. Elle vivait dans un monde changé, nouveau, inutile, entourée d’ennemis. Elle était vielle, finie. Elle se souvenait de la façon dont, quand elle était petite, elle avait été prise d’un fou-rire, en compagnie d’une amie, devant les manières de leur gouvernante d’un certain âge. [p.62]