En plus de sa qualité heuristique, la théorie du gène égoïste suggère une morale pratique : Elle dévoile que tout ce dispositif (nous-mêmes, nos instincts, nos pulsions, nos consciences, nos relations, nos souvenirs, bref tout ce que nous sommes) n’a d’autre fin (ou plus exactement d’autre rôle constaté) que d’assurer la survie de nos gènes. Partant, notre seule véritable manière de donner un sens à notre existence, de manifester l’autonomie de notre conscience, est de ne pas remplir le rôle attendu, c’est-à-dire ne pas se reproduire, et de répandre une propagande anti-nataliste. A moins que l’on puisse imaginer que les non-reproducteurs puissent aussi tenir un rôle programmé dans le dispositif ?
Comme si cela ne suffisait pas d’être en vie, il faut encore qu’on la célèbre : nous sommes sommés de la trouver belle, même - et peut-être surtout - si elle nous accable. Cette obligation de célébrer la vie a tout d’une incantation : Il s’agit de convaincre, (et visiblement, pour celui qui la profère, de se convaincre) d’une évidence qui ne va pas de soi. L’évidence serait même plutôt à l’inverse, comme lorsqu’on célèbre avec conviction la "beauté" d’une femme enceinte...
Ce qu’on désigne par instinct de reproduction est plus qu’une compulsion à se reproduire. Elle cherche à reproduire la douleur première de la naissance. Compulsion à infliger la vie à un nouvel être, qui sera soumis à notre volonté, pour lui communiquer à son tour la douleur d’exister.
Un enfant ne peut jamais dire a ses parents que ce qu’ils attendent qu’il leur dise.
La propension d’un adulte à régenter la vie de ses parents séniles est la réponse à leur ancienne prétention de régenter la sienne.
La famille, nœud premier de la névrose.
"Personne à qui se confier, pas d’épaule où pleurer. (...) Des trésors de larmes qui coulent, muettes et inconnues de tous jusqu’au tombeau" (extrait d’un forum de Rue89)
a propos de la magie de la technologie : il faut en connaitre la complexité de fonctionnement pour en apprécier la beauté
Faute de pouvoir changer le monde et nous-même, nous ne pouvons qu’espérer changer la perception que nous en avons : Le salut par les psychotropes.
La question n’est pas de savoir si l’Islam est bon ou mauvais. Le danger qui nous guette tient au statut de la religion dans les affaires publiques, sans rapport avec le dogme. C’est le retour à la théocratie qui nous menace, quand nous ne lui avons échappé que depuis deux siècles. La prière à l’école et la place faite aux discours créationnistes sont des signes qui doivent nous alerter.