[...] Lorsque le soleil disparut et qu’il fit nuit, alors d’un bout à l’autre du champ de bataille s’éleva un seul cri ; puis les deux armées restèrent silencieuses, à regarder en l’air. On n’entendait pas voler une mouche. Ils étaient tous là, immobiles, le nez en l’air, même ceux qui, déjà à demi éventrés, se seraient hâtés de mourir si ce curieux phénomène ne les avait pas distraits. Puis quand le soleil réapparut - personne n’aurait su dire combien de temps s’était écoulé, mais un bon moment sans doute - lydiens et mèdes se trouvèrent côte à côte et se regardèrent avec embarras, comme si chacun d’entre eux avait voulu dire à l’ennemi qui était à coté de lui : « si tu recommences, j’en fais autant, mais si tu ne recommences pas, je ne le fais pas non plus ». Personne ne recommença. Si quelqu’un avait donné un ordre, peut-être les soldats auraient-ils recommencé à tuer et à se faire tuer, mais cela n’aurait été qu’une triste boucherie : La fureur, la spontanéité avaient disparus ; autant dire tout ce qui fait que les jeunes trouvent beau et agréable de se battre. [p.116]
2037 éléments
dernière mise à jour:
dimanche 21 avril 2024
dernière mise à jour:
dimanche 21 avril 2024