Le talent et le succès ne sont pas une assurance contre l’échec : Josiane, la dernière pièce de Pierre Guillois, que nous avons vue hier soir, en est hélas la démonstration. Notre souvenir enthousiaste de Les gros patinent bien, Bigre et Le gros, la brute et le mainate nous ont fait négliger les quelques indices qui annonçaient le désastre : que la pièce quitte l’affiche au bout d’un mois, que Stéphane et Laurence - qui l’ont vue quelques jours avant - nous disent préférer ne rien nous en dire, et surtout qu’un jeudi soir la salle soit plus qu’à moitié vide. Dès la première minute, on pressent la catastrophe : les répliques tombent à plat, dans un silence glacial et gêné. Pas un rire, sauf au tout début le gloussement forcé d’un inconditionnel. Nous ne sommes pas les seuls à nous sentir mal à l’aise devant ce fiasco, une mauvaise copie de tout ce que nous avons adoré dans les pièces précédentes, sauf que le second degré n’y fonctionne pas. Malgré la conviction des acteurs, le spectacle dont on devine qu’il prétend au loufoque, se révèle simplement vulgaire et ennuyeux. Il s’achève sur quelques applaudissements de pure politesse, et une hâte générale à sortir de la salle. Tous les visages semblent atterrés. Reste à expliquer par quel mystère un auteur aussi talentueux peut à tel point se fourvoyer, et comment un directeur de théâtre a pu être séduit par la lecture de ce texte. La genèse des échecs est aussi mystérieuse que celle des triomphes.