Si la mort de Le Pen, disparu de la vie publique depuis des années, n’est pas en elle-même un évènement, le traitement que lui réservent la presse et les médias en est un, ô combien révélateur de leur complaisance pour l’idéologie nauséabonde dont il fut le chantre. Le ton a été donné par les communiqués officiels : soigneusement évasif, Macron s’en remet au "jugement de l’histoire" et Bayrou frôle l’hommage en saluant le "combattant" qui faisait des "polémiques" son arme favorite. En plein flirt avec le parti fasciste, partenaire susceptible dont dépend sa survie, il serait bien sûr malséant pour le Premier Ministre de préciser la nature de ces polémiques : négation de l’holocauste, racisme, antisémitisme, xénophobie, homophobie, légitimation de la torture... Dans les portraits qu’ils brossent de ce "leader charismatique" Le Monde et Libé rappellent certes ces traits accablants, mais soulignent surtout son "gôut de la provocation" (qui, sans doute, le poussait à d’innocents jeux de mots sur les fours crématoires, "détails de l’histoire" ?)
La une de Libé une photo de Le Pen entouré de ses chiens de combat et légendée "Maréchal, me voilà !" résume assez bien l’idée générale : un personnage historique haut en couleurs dont, sans partager ses idées, on peut apprécier la faconde et même en sourire.
Sentiment visiblement non partagé par les milliers de manifestants qui se sont rassemblés spontanément pour fêter sa mort. Mais les médias unanimes soulignent l’indécence d’un tel comportement. Car le fascisme n’est plus un danger, mais une pensée allternative à respecter. Trump a bien gagné la partie, et pas seulement chez lui.