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samedi 1er février 2025
J’avais à-peu-près tout oublié du film que nous...
( 5 janvier 2025 )

J’avais à-peu-près tout oublié du film que nous avons revu hier soir, L’homme de sa vie de Zabou Breitman, sorti en 2006, y-compris à quel point il nous avait plu. Ma mémoire n’avait retenu de sa filmographie que Se souvenir des belles choses, sorti cinq ans plus tôt, où Barnard Campan tenait déjà le rôle principal. Il a cette fois pour partenaires Charles Berling et Léa Drucker, et si l’histoire n’a rien de dramatique comme dans le précédent, l’émotion et le plaisir qu’elle éveille sont aussi vifs. Cela tient pour l’essentiel au climat, et au mode du récit, qui restitue de manière très subtile le fonctionnement de la conscience : Le fil n’est pas chronologique : opérant sans cesse des aller-retours et des répétitions, il suit plutôt l’enchaînement des pensées de chacun des personnages. Un dispositif narratif très complexe mais parfaitement maîtrisé. Le cadre est celui d’une maison de vacances où se retrouve une grande famille. Le maître de maison, Bernard Campan, invite à dîner leur voisin Charles Berling, et après le repas, leur discussion en tête-à-tête sur le sens de vie va troubler jusqu’à les faire voler en éclats les certitudes convenues du père de famille sur son bonheur tranquille. Au-delà du motif, devenu banal, de l’hétéro qui découvre son attirance pour un homme, le film illustre les prisons mentales construites par conformisme ou peur de la solitude, et les contradictions qui les hantent. Le personnage d’Hugo (C. Berling) incarne parfaitement cette complexité : on découvre ainsi que son refus de toute attache, qu’il justifie comme besoin de liberté, tient à ce qu’il a été banni jadis par un père homophobe, dont il consent tout de même à revenir accompagner le dernier souffle, sur l’insistance de sa fille, dont l’existence est révélée à cette occasion.
Le réussite du film tient à ce subtil équilibre entre un propos globalement subversif sur l’enfer des familles et un traitement exempt de gravité. Z. Breitman y fait montre d’une belle ouverture d’esprit et d’une grande maîtrise de son art.