Réjouissons-nous : coup sur coup, sur des chaînes TV publiques, deux productions de qualité : hier soir, sur Arte, un téléfilm de Gustave Kervern qui nous a ravis de bout en bout, Je ne me laisserai plus faire , joyeux remake de Thelma et Louise, en version non-violente, servi par une distribution de rêve : Yolande Moreau, Laure Calamy (cf Dix pour cent), Anna Mouglalis en ex baba-cool reconvertie en fliquette good cop, et dans le rôle de son compère bad cop, l’extraordinaire Raphaël Quenard, que nous avions découvert dans Yannick. Les dialogues sont savoureux et drôles sans jamais succomber aux effets faciles, le scénario surprend jusqu’au bout, et la chute, parfaitement immorale, est un clin d’œil chaleureux, comme les paysages du Nord où le film a été tourné.
L’autre bonne surprise est la série Ça, c’est Paris, produite pour France 2 par Dominique Besnehard. Six épisodes dont nous avons vu avant-hier les deux premiers. Sur le modèle de Dix pour cent, l’histoire est celle d’un cabaret parisien plus que traditionnel (la série est tournée au Paradis Latin) que ses propriétaires (Alex Lutz et Charlotte de Turckheim) cherchent à sauver de la déroute. De nombreux guests y font une apparition, dont Line Renaud, dans une scène très émouvante, et D. Besnehard campe un maître d’hôtel à bouclettes follement drôle.
Beaucoup moins drôle mais très passionnante, la lecture du Double de Naomi Klein, dont j’aborde les derniers chapitres. La course à l’abîme qu’elle y décrit et qu’elle documente minutieusement a de quoi terrifier, si on croit inéluctable le processus de destruction conduit par les potentats capitalistes. Paradoxalement, on peut y trouver aussi une source d’espoir, si on postule que la cruauté et la perfidie qu’ils exposent désormais au grand jour finiront bien par entraîner des soulèvements qui les perdront...