Lers gens, souvent, mangent ce qu’on leur dit de manger, vont voir ce qu’on leur dit de voir, lisent ce qu’on leur dit de lire. [...] La médiatisation dirige le toupeau. La distibution le canalise. [...] Le spactateur est un otage. Je me dis que le lecteur n’en est pas un. Il peut encore au gré de sa folie, de sa singularité, de son désir, accéder à tous les livres. L’argent ne mène pas toute la danse de la lecture. [...] On peut écrire, le dimanche, sous un arbre, avec une feuille de papier et un crayon de bois. Rien n’est plus simple et moins coûteux que commencer à écrire un livre. Je crois qu’il faut s’en émerveiller. L’argent absent crée de la liberté, celle de ne pas lire, de lire, de ne pas acheter, de tout vendre, de conseiller comme de se taire.
Alice Ferney in "Livres Hebdo N°646 du 19 mai 2006 [p49]