Il ne fait aucun doute que l’alexandrin, l’octosyllabe et quelques autres types de versification dépassent souvent les frontières culturelles. Ces typologies récurrentes ne sont pas la preuve selon moi de l’existence de catégories métaphysiques immuables, mais plutôt d’un certain nombre de dispositifs biologiques, neuronaux en premier lieu, ou plus prosaiquement métaboliques, comme notre rythme cardiaque, la résonnance de notre boîte cranienne, les particularités physiologiques de nos langues, de nos bouches, de nos souffles, et la constitution biophysique de nos tympans. La même conclusion vaut pour la musique et l’universalité constatée de la gamme pentatonique. Une telle universalité est à rechercher dans la constitution nerveuse de nos appareils auditifs plutôt que dans des catégories plus ou moins fumeuses qui au bout du compte peuvent être réduites éventuellement à un epoignée d’axiomes mathématiques : ce qui est universellement beau, c’est ce qui entre en proportion cohérente avec certaines relations physiques à l’oeuvre dans nos dispositifs neurosensoriels. [p 329]
La littérature permet ce miracle proprement impensable de vous transformer en mort-vivant au moment où vous écrivez [p 355]