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jeudi 5 décembre 2024
C’est la grande nouvelle de la journée : de la...
( 21 novembre 2024 )

C’est la grande nouvelle de la journée : il neige en Bretagne, et bientôt à Paris. TF1 déploie ses envoyés spéciaux, en direct sous les premiers flocons. FranceInfo recueille les impressions des chauffeurs de chasse-neige et conseille aux parisiens de prendre "les transports" plutôt que leur voiture.
Hier, en visitant la belle expo de la Cité de l’architecture sur l’âge d’or des grands magasins, nous avons relevé cette maxime : "les grands magasins vont devenir des musées et les musées des grands magasins". Pour les premiers, j’aurais dit plutôt qu’ils ne sont déjà plus qu’un souvenir. Leur fonction est désormais remplie par Amazon ou Temu, et leurs locaux sont devenus des galeries marchandes pour touristes fortunés. Quant aux musées, ils subissent la même métamorphose, vendant une partie de leur surface aux marques et choisissant les thèmes de leurs expos en fonction des sponsors. La Cité n’échappe pas à la règle : le restaurant du rez-de chaussée a cédé la place à une sorte de mini café de la paix où un cuisinier de télévision revisite des plats à 50 euros.
Cruel contraste avec l’autre monde, de misère, observé la veille en attendant la livraison - offerte - d’un coffre-fort (j’accepte le sourire moqueur...). D’abord surpris par la rapidité de cette livraison, annoncée moins d’une heure après la commande, nous recevons l’appel d’une femme paniquée, qui cherche en vain la rue du Javelot. Comme elle maitrise mal le français, nos explications ne l’aident guère, mais une heure plus tard, elle arrive tout de même avec le lourd paquet, et peine à saisir sur son smartphone le code que nous avons reçu par mail. Une requête sur Google nous apprend alors qu’elle travaille pour Shopopop, une startup innovante qui s’affiche sur son site comme "un service de cotransportage, engagé pour des livraisons plus vertueuses". Fondée en 2015 par de jeunes recrues dune école de commerce à la recherche d’une idée lucrative à déguiser en entreprise philanthropique, elle prétend à la fois "lutter contre la déforestation" et "créer du lien social" (!) en s’inspirant de la méthode d’Uber : Les livraisons à réaliser sont affichées sur un site où les "cotransporteurs" occasionnels se disputent la course. Quelle que soit sa longueur et sa durée, ils recevront un pourboire (c’est le terme employé) de 6 euros, après qu’ils aient saisi le fameux code. Les clients ignorent, lorsqu’ils passent commande, qu’il seront livrés par un esclave, sans qu’on leur en laisse le choix. Mais seront-ils nombreux à s’en émouvoir ?