Pour évoquer le 11 novembre, Télématin diffuse ce matin un reportage sur le musée de la grande guerre de Meaux, où on a reconstitué une tranchée pour une expérience immersive , avec explosions et cris de douleur... Il ne manque que les odeurs et le gaz moutarde. Bientôt des safaris photo à Gaza ? Dans le même journal, une statistique absurde, de celles qui alimentent les rubriques " le saviez-vous ?" :" 80% de la biodiversité est encore inconnue". On aimerait auusi connaître le mode de calcul....
Dehors, la brume est de retour, et elle ne se lèvera pas de la journée, ce qui nuit un peu aux panoramas vus de la Citadelle, dont la visite est au programme. Le lieu est immense, impressionnant de pesanteur et d’austérité, comme le sont les ouvrages militaires, les hôpitaux et les prisons. C’en est une d’ailleurs, pour des dizaines d’animaux, de grands singes et des bouquetins enfermés dans les douves, et bien d’autres espèces dans un zoo dont nous observons les filets et les grilles du haut du chemin de ronde. De manière absurde, à quelques mètres de cette cruauté qui ne semble choquer personne, le musée de la Résistance et de la déportation évoque de manière poignante le martyre des prisonniers des camps de concentration. Le dispositif de l’expo, pour une fois, ne cherche pas l’esbrouffre. Apres une évocation simple et chronologique de la montée du nazisme et de l’aveuglement des européens (on y reconnaît tout ce que nous vivons aujourdhui), on plonge réellement dans la vie quotidienne de la France de Vichy, de ses victimes et de ses martyrs. Pour une fois, il serait légitime de qualifier cette visite d’immersion, car au fil des vitrines, où sont exposés sobrement des dizaines de lettres et cahiers jaunis, on est peu à peu gagné par l’émotion. A lire la lettre envoyée à sa mère par un résistant qui va mourir, à contempler les travaux de couture ou les jeux de cartes confectionnés dans sa cellule par Germaine Tillion, à déchiffrer des billets griffonnés par les déportés qui les jetaient des trains de la mort, et les lettres de remerciements que la famille envoyait a ceux qui les avaient transmis, on mesure concrètement l’horreur de cette période. On est d’autant plus ému que rien ne nous somme de l’être. Pas de commentaires larmoyants ou grandiloquents, seulement des cartels sobres et purement descriptifs. Signe que notre impression était partagée : le silence des visiteurs, pourtant nombreux. Et dire que parmi eux, il ne fait pas de doute que certains ont voté Le Pen...