Faute d’un compte-rendu quotidien, je résume ici un voyage de cinq jours qui s’achève aujourdhui à Nantes et qui a commencé à Lorient, où nous n’étions jamais venus. Belle surprise : cette ville qu’on nous avais dite sans intérêt nous a d’emblée parue agréable. Comme Le Havre, elle a été totalement détruite à la fin de la guerre, et sa reconstruction est plutôt reussie, même si elle n’a pas bénéficié d’un grand urbaniste pour l’orchestrer. Des artères larges et ombragées, une grande zone centrale presque totalement délivrée des voitures, et, comme dans toutes les villes portuaires, de vastes espaces vides produisent une agréable impression de liberté.
Le lendemain de notre arrivée , nous traversons la rade en bateau, pour atteindre une citadelle sans grand intérêt, puis nous parcourons les ruelles d’un village au pittoresque soigneusement entretenu, qu’on imagine en haute saison saturé de touristes.
La visite du lendemain nous plaît davantage, à la découverte de la base fortifiée construite par les allemands pour réparer leurs sous-marins et entrainer les équipages. Trois gigantesques bunkers de béton qui ont résisté sans dommage aux déluge de bombes des alliés à la fin de la guerre. Le guide qui commente la visite nous rapporte à ce propos le sentiment plus que mélangé des Lorientais a l’égard de leurs libérateurs, qui les ont abandonnés pendant des semaines dans les ruines de leur ville, dont la destruction a privé les allemands de toute possibilité de repli, mais dont l’assaut serait trop coûteux en vies américaines. Il nous raconte aussi comment fut recrutée la nombreuse main d’œuvre- des milliers de personnes - nécessaire pour bâtir cette immense ville-usine souterraine puis pour la faire tourner. Parmi eux, beaucoup de Français pour les emplois les plus qualifiés, des volontaires séduits par des salaires très attractifs, et pour les tâches les plus ingrates, des travailleurs quasi esclaves, amenés de force de toute l’Europe. La base, qui après la guerre fut utilisée par la marine française jusqu’aux années 80, abrite aujourd’hui des entreprises liées à l’univers des grandes courses de voile.
Le lendemain, pour rallier Nantes, nous consultons en vain à la gare l’affichage des TER, à la recherche de celui qui figure sur nos billets. Le train direct a été remplacé par un trajet avec changement à Redon, sans que rien ne l’indique, ni en gare ni sur l’application SNCF. En revanche, l’appli DBahn, elle, est à jour et le mentionne. De même aujourd’hui, au départ de Nantes, l’emplacement des voitures du TGV était indiqué à l’envers sur les panneaux d’information du quai. Ce genre de pagaille témoigne d’un mépris absolu des usagers, à rapprocher des coûteuses campagnes de communication destinées à nous faire croire le contraire.
A Nantes, dont je ne gardais qu’un très vague souvenir, nous faisons dès notre arrivée le tour des hauts lieux, le passage Pommeraye, le Lieu Unique, la place Graslin et la fameuse brasserie La Cigale, où nous déjeunons dimanche. Le décor art nouveau est miraculeusement conservé (ou parfaitement restauré ?), sauvé sans doute par un classement précoce dans les annees 60. Wikipedia nous apprend que le lieu fut un temps transformé en self-service, avant de retrouver son lustre et sa tradition il y a une vingtaine d’années.
Nous parcourons aussi, bien sûr, la zone des anciens docks, où ont élu domicile les animaux-machines de Royal de luxe. Trop de foule, de poussettes et d’enfants pour notre goût.
Une escale au musée des beaux-arts nous fait découvrir une belle collection d’art moderne, et quelques surprises, comme un Herbin tout en courbes, dans un style qu’on ne lui connaît pas, un Soulages de la première période, et plusieurs Kandinsky très différents là encore de ceux qu’on connaît. Les autres salles, en revanche, n’ont aucun intérêt : Les œuvres sont accrochées en vrac, groupées autour de thèmes absurdes, du style "héroïsme féminin" ou "rêves éveillés", sans tenir le moindre compte des artistes et des époques. Cette recherche de la confusion est une étrange maladie qui contamine peu à peu les musées.
Autre jolie découverte, celle du jardin extraordinaire installé dans une ancienne carrière (cf. Le jardin botanique de Brest, dans une décharge ). On y accède en descendant un escalier métallique vertigineux de plus de cent marches, accroché à la falaise qui domine le jardin. Une immense cascade artificielle arrose une crique entourée d’une végétation luxuriante. L’ensemble est très réussi, et sera bientôt complété par un lac encore en construction. Tout cela rappelle fort la mode des jardins-folies du second empire, comme les Buttes Chaumont.
Enfin, nous prenons le thé accompagné de délicieux gâteaux maison dans un petit restaurant tenu par une équipe féminine. Nous y retournons le lendemain, pour un déjeuner tout aussi agréable.
A noter aussi que ce matin, j’ai suivi brièvement la rentrée de Telematin. Le nouveau présentateur, Julien Arnaud, recevait Eric Coquerel, avec qui il a été odieux, lui coupant sans cesse la parole, répétant que "votre programme, on le connaît, çà consiste à ruiner le pays..." Restons sur TF1.