Enfin de retour à la maison, nous avons pu hier soir regarder un film, En guerre, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon dans le rôle d’un délégué syndical CGT qui conduit la lutte des 1100 salariés d’une usine menacée de fermeture.
Le sujet et le mode de traitement rappellent beaucoup les films de Ken Loach, à la différence près que nous ressentons ici une forme de malaise, due sans doute en partie à la focalisation extrême sur Vincent Lindon (qui a financé le projet). Son jeu est comme toujours remarquable, mais sa présence continue dans tous les plans confine au cabotinage. L’autre source de malaise vient du mélange entre réalité et fiction : Le script est évidemment inspiré par d’innombrable situations de conflits sociaux semblables à celui-ci, mais pas par l’un d’eux en particulier. Le récit est donc une pure fiction, traitée comme un supposé documentaire, que rythment de fausses séquences de reportages sur BFM-TV. Le procédé, évidemment manipulatoire, évoque le lointain souvenir de Vive la crise, mais au service d’une analyse politique diamétralement opposée, à savoir la description minutieuse de la violence capitaliste et des stratégies dont elle use pour diviser la classe ouvrière et conduire ses luttes à l’échec. La scène finale où Vincent Lindon s’immole par le feu, supposée illustrer cette violence meurtrière, tourne à la démonstration grandiloquente et en perd toute capacité de démonstartion.