J’avais mal apprécié l’ampleur et la sévérité de l’état de siège qui nous est infligé. En sortant tout à l’heure du déjeuner à notre crêperie habituelle, nous avons été stupéfaits de découvrir la place d’Italie vide de voitures, cerclée de barrages sur toutes les voies d’accès, une dizaine de fourgons de police stationnant près de la mairie du 13e. Une affiche nous apprend que ce dispositif restera en place pendant une semaine entière, pour permettre une épreuve olympique de cyclisme. La butte aux Cailles tout entière est inaccessible, cernée de barrières défendues par des hommes en uniforme dont beaucoup sont armés. Quand nous rentrons par la rue de Tolbiac, presque déserte, les voitures bleu marine foncent à toute allure, dans un déluge de sirènes et de gyrophares, à seule fin, dirait-on, d’affirmer la mainmise policière sur la ville. Une image me vient à l’esprit : celle de l’arrivée des troupes allemandes en juin 40, accueillies sans doute avec la même résignation...