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lundi 16 septembre 2024
De retour à Paris depuis deux jours, et l’état...
( 2 août 2024 )

De retour à Paris depuis deux jours, et l’état de siège que nous redoutions n’est pas du tout visible dans notre quartier, sauf aux alentours des ponts de Tolbiac et d’Austerlitz, où les grilles installées pour le défilé fluvial sont toujours en place, et le resteront sans doute pendant plusieurs semaines. Déjeuné hier au Ba Mien avec Bruno, Patrick et Moussa, qui a une fois de plus changé d’ "emploi" : il nous explique qu’il travaille désormais le week-end, à servir de la chicha au bar d’une péniche/boîte de nuit gérée par "un ami de ses cousins"... Minbl me confirme se demander comme moi s’il est très naïf ou très filou. Patrick connaît sûrement la réponse, et on ne peut l’imaginer autrement qu’inquiet. Quant à Bruno, son glissement vers la droite continue de progresser : Le RN aux portes du pouvoir ne l’inquiète pas : Eux seuls, dit-il, proposent des mesures pour améliorer le pouvoir d’achat des plus pauvres (la gauche le fait aussi, convient-il, mais elle sera jamais aux affaires pour les mettre en œuvre). Il me somme de lui citer des exemples concrets de mesures anti-sociales qu’ils ont voté avec la droite dite modérée. Je lui envoie par mail les listes compilées par Fakir et la CGT. Ils ne sont pas non plus un danger pour les femmes et les LGBT, puisqu’ils comptent beaucoup de pédés dans leurs rangs (NB:comme dans l’entourage d’Hitler...), et que Marine Le Pen est une grande protectrice de la liberté d’avorter ! Il n’est pas convaincu non plus du rôle des médias pour accompagner l’opération de "dédiabolisation" du parti fasciste. A ce propos, je repère ce matin dans Google News cet article de TFI info digne de FoxNews, qui utilise la méthode de fausse citation, typique de l’extrème-droite pour diffamer ses adversaires.
Heureusement, hier soir, le dernier film de Kurismaki, Les feuilles mortes, nous a fait retrouver quelques raisons de ne pas totalement désespérer de l’humanité. cela confirme aussi que le spectacle de la beauté est l’un des meilleurs antidotes au désespoir. On y retrouve les décors sans date qui nous plaisent tant, et ce regard à la fois incisif et doux sur des personnages de prolétaires brisés mais toujours dignes. Le bonus nous apprend - sans surprise - que Kurismaki et Jarmush sont amis de longue date. Un film de 2023 que nous avions vu avec beaucoup de plaisir avant de partir à Villard nous avait paru inspiré de la même esthétique : L’étoile filante, de Dominique Abel et Fiona Gordon. Avec les temps qui s’annoncent, il faut faire provision de films de ce genre, et de livres, pour cultiver un peu d’espoir.