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dimanche 21 avril 2024
La vieillesse
par Simone de Beauvoir
( 20 avril 2024 )

Du triste château où il était reclus, Casanova écrivait : « Le plus grand malheur d’un homme est de survivre à tous ses amis. » Le grand vieillard dont Rétif, dans La Vie de mon père, parle avec vénération dit à un jeune interlocuteur : « Mon enfant, n’envie pas mon sort ni ma vieillesse. Il y a quarante ans que j’ai perdu le dernier des amis de mon enfance et que je suis comme un étranger au milieu de ma patrie et de ma famille. Je n’ai plus personne qui se regarde comme mon pareil, mon ami, mon camarade. C’est un fléau qu’une trop longue vie. » Il dit n’avoir aucun sentiment pour ses arrière-petits-enfants qui de leur côté l’ignorent : " Voilà la vérité, mon cher ami, et non les beaux discours de nos bien-disants des villes".

« Parce qu’ils ont vécu de nombreuses années, parce que souvent ils ont été trompés, qu’ils ont commis des erreurs et que les affaires humaines sont le plus souvent mauvaises, ils n’ont d’assurance en rien et font manifestement tout en dessous de ce qu’il faudrait. » Ils sont réticents, hésitants, timorés. D’autre part : « Ils ont mauvais caractère, car au fond avoir mauvais caractère c’est supposer que tout va plus mal. Ils supposent toujours le mal à cause de leur défiance, ils sont défiants à cause de leur expérience de la vie. » Ils sont tièdes dans leurs amours comme dans leurs haines. Ils sont mesquins parce qu’ils ont été humiliés par la vie. Ils manquent de générosité. Ils sont égoïstes, peureux, froids. Ils sont impudents : ils méprisent l’opinion. « Ils vivent plus par le souvenir que par l’espoir. » Ils bavardent, ils ressassent le passé. Leurs emportements sont vifs, mais sans force. Ils paraissent modérés parce qu’ils n’ont pas de désir mais seulement des intérêts. C’est pour ceux-ci qu’ils vivent, non pour la beauté. Ils sont ouverts à la pitié non par grandeur d’âme mais par faiblesse. »

généalogie des dieux grecs :

D’après Hésiode, avant tout fut Chaos, puis Gaïa et Éros. Gaïa « enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir tout entière, Ouranos ». De leurs embrassements naquit la seconde génération, celle des Ouranides, qui comprenait : 1o les Titans et Titanides, au nombre de douze ; 2o les trois Cyclopes ; 3o les trois Hécatonchires qui avaient chacun cent bras et cinquante têtes. Gaïa haïssait Ouranos à cause de son inépuisable fécondité et celui-ci détestait ses enfants. Dès leur naissance, il les cachait dans le sein de Gaïa, c’est-à-dire qu’il les ensevelissait dans la terre. Révoltée, celle-ci créa un métal dur et tranchant, l’acier, en fit une serpe et ordonna à ses fils de châtrer leur père. Seul Kronos obéit et avec la serpe châtra Ouranos. Le grand ancêtre, Ouranos, est donc décrit par les Grecs comme un procréateur désordonné, un souverain tyrannique et odieux. Son fils Kronos, lui ayant arraché le pouvoir, épousa Rhéa, sa sœur. Ils eurent de nombreux enfants. Mais lui aussi — peut-être parce qu’il avait châtré son père et se méfiait d’eux — il les détestait et il les dévorait. Rhéa cacha son dernier-né, Zeus, et à la place elle donna à Kronos une grosse pierre emmaillotée. Devenu grand, Zeus s’attaqua à son père. Il lui fit rendre les enfants engloutis ; il déclara la guerre à Kronos ainsi qu’aux frères de celui-ci, les Titans. Il fut aidé dans cette guerre par les Cent-Bras. Après une horrible mêlée — la Titanomachie — les Titans succombèrent. Cependant Gaïa avait été fécondée par le sang d’Ouranos mutilé et elle avait donné le jour aux Géants. Ceux-ci — demi-frères de Kronos, appartenant donc à la même génération — se dressèrent contre Zeus. Pindare le premier a raconté cette Gigantomachie d’où Zeus sortit vainqueur. Il vainquit aussi Typhée.