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dimanche 21 avril 2024
Un peu d’air frais
par George Orwell
( décembre 2002 )

Je ne vais pas vous infliger le refrain sur la poésie de l’enfance, et tout ce qui s’ensuit. Je sais que ne sont là que des foutaises. (...)La vérité, c’est que les gosses sont fermés à la poésie, ce sont simplement de petits animaux sauvages, à ceci près que les animaux n’ont pas le quart de leur égoïsme. Un garçon ne s’intéresse pas aux prairies, aux bosquets, etc. Il ne regarde jamais un paysage, se moque éperdument des fleurs, et à moins qu’elles retiennent son attention pour une raison ou une autre, par exemple parce que leurs fruits sont bons à manger, il ne distingue pas les plantes les unes des autres. Tuer ci et çà, c’est le comble de la poésie pour un garçon. [p.99]

J’étais aux prises avec les réalités de la vie moderne. Et quelles sont ces réalités ? Avant tout un perpétuel et frénétique besoin de vendre. Pour la plupart des gens, il s’agit de se vendre eux-mêmes -autrement dit, de trouver un emploi et de le garder. Je me dis qu’il n’a pas dû s’écouler un seul mois depuis la guerre, dans n’importe quel métier qui vous vienne à l’idée, où il n’y ait pas eu plus d’hommes que de boulots. C’est comme de se trouver à bord d’un navire qui coule avc dix-neuf survivants et quatorze bouées de sauvetage. [p 171]