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dimanche 21 avril 2024
Soumission
par Michel Houellebecq
( 2 février 2015 )

En vieillissant, je me rapprochais (…) de Nietzsche, comme c’est sans doute inévitable quand on a des problèmes de plomberie. Et je me sentais davantage intéressé par Héloim, le sublime ordonnateur des constellations, que par son insipide rejeton. Jésus avait trop aimé les hommes, voilà le problème ; se laisser crucifier pour eux témoignait au minimum d’une faute de goût, comme l’aurait duit la vielle pétasse. Et le reste de ses actions ne témoignait pas non plus d’un grand discernement, comme par exemple le pardon à la femme adultère, avec des arguments du genre « que celui qui n’a pas péché », etc. Ce n’était pourtant pas bien compliqué, il suffisait d’appeler un enfant de sept ans – il l’aurait lancée, lui, la pierre, le putain de gosse. (p.273]

A force de minauderies, de chatteries et de pelotages honteux des progressistes, l’Eglise catholique était devenue incapable de s’opposer à la décadence des mœurs. De rejeter nettement, vigoureusement, le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et le travail des femmes. Il fallait se rendre à l’évidence : parvenue à un degré de décomposition répugnant,, l’Europe occidentale n’était plus en état de se sauver elle-même – pas davantage que ne l’avait été la Rome antique au Vème siècle de notre ère. L’arrivée massive de populations immigrées empreintes d’une culture traditionnelle encore marquée par les hiérarchies naturelles, la soumission des femmes et le respect dû aux anciens constituait une chance historique pour le réarmement moral et familial de l’Europe, ouvrait la perspective d’un nouvel âge d’or pour le vieux continent. Ces populations étaient parfois chrétiennes ; mais elles étaient le plus souvent, il fallait le reconnaitre, musulmanes. [P. 275]