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dimanche 21 avril 2024
Le lion et son ombre
par Christophe Isherwood
( 3 février 2013 )

« Toutes les révolutions se produisent quand le pire est passé et que les choses s’améliorent... Toutes les révolutions sont suivies d’une dictature militaire... Toutes les dictatures militaires sont suivies d’une restauration de la monarchie constitutionnelle... »
[p.20]

(...) le verdict de H. G. Wells [sur Napoléon] dans l’ Esquisse de l’histoire : Se détachant sur cette aube orageuse et terrible, apparaît cet obscur petit personnage archaïque, dur, compact, sans scrupule, imitateur et franchement vulgaire. [p.27]

J’ai toujours été, et suis encore, intéressé par l’apparence extérieure des gens : l’expression de leur visage, leurs gestes, leur démarche, leurs tics nerveux, l’infinie diversité de leurs façons de manger une saucisse, d’ouvrir un paquet, d’allumer une cigarette. Le cinéma place le gens sous un microscope : on peut les fixer, les examiner comme des insectes. Certes, la conduite que l’on voit à l’écran n’est pas la conduite naturelle ; elle n’est qu’un jeu, et souvent un jeu très mauvais. Mais le jeu a toujours un certain rapport avec la vie ordinaire ; et, très vite, pour un habitué comme moi, c’est aussi peu gênant que l’écriture élisabéthaine pour un spécialiste des vieux documents. De ce point de vue, le film le plus sot peut regorger de révélations étonnantes sur le tempo et la dynamique de la vie quotidienne : on voit de quoi ont l’air les actions dans leurs relations les unes avec les autres, la place qu’elles occupent, et combien de temps elles prennent. De même qu’il est plus facile de se souvenir d’un visage si on imagine son reflet bidimensionnel dans un miroir, si on est romancier et qu’on veuille voir une scène se dérouler sous ses yeux, il est plus simple de la projeter sur un écran imaginaire. Un cinéphile n’aura aucun mal à le faire. [p. 79]